Au mois de septembre 2013, l’état français continuait de se débattre pour donner un semblant de justice aux familles de Zyed et Bouna. Nous sommes absolument convaincus que c’est la mobilisation des jeunes travailleurs des quartiers opprimés et exploités communément appelés banlieues et la détermination des familles des victimes qui empêchent le gouvernement français et la presse française xénophobe d’enterrer ce dossier qui met à découvert le caractère meurtrier de la police républicaine contre les jeunes des quartiers colonisés en France.
Retour sur les faits
Le 27 octobre 2005, Zyed, Bouna et Muhittin, trois jeunes âgés entre 15 et 17 ans habitant à Clichy-sous-Bois se font poursuivre par des policiers qui auraient été prévenus qu’une "effraction" était en cours. Les adolescents, n’étant pas en tort mais redoutant les « forces de l’ordre », tentent de s’échapper et prennent la fuite. Ils se retrouvent dans l’enceinte d’une centrale EDF. Plutôt que de monter sur une des échelles et de s’allonger sur le toit d’un des bâtiments, ils choisissent d’escalader les 4 mètres du transformateur sur place, à l’abri des regards. Là, les garçons se cachent quelques temps jusqu’à ce qu’une décharge de 20 000 volts les frappe. Zyed et Bouna meurent électrocuté mais Muhittin survit et arrive à aller donner l’alerte dans le quartier pour essayer de sauver ses camarades.
Durant la course poursuite, un gardien de la paix qui était en communication avec le poste de police signale qu’il a vu les jeunes se diriger vers l’installation électrique et déclare «Je pense qu’ils sont en train de s’introduire sur le site EDF, faudrait ramener du monde qu’on puisse cerner un peu le quartier, ils vont bien ressortir […] En même temps, s’ils rentrent sur le site, je ne donne pas cher de leur peau. »1
Il est clair que les jeunes se sont cachés dans le transformateur pour échapper à la poursuite des policiers. Les policiers sont aussi clairs sur les conséquences de leur poursuite. En fait c’est l’essence même du rôle de la police coloniale dans nos communautés : criminaliser, harceler, brutaliser, contenir et tuer des travailleurs colonisés particulièrement les jeunes, nous donner l’habitude de ne pas bouger, nous apprendre à rester à notre place de colonisés, c’est à dire, maintenir le statu quo.
C’est à partir de ce moment là que les mouvements de rue, principalement constitués des jeunes de ce quartier prennent naissance en hommage à Zyed et Bouna et que certains s’attaquent aux forces de la police qui sont la première ligne de défense de la bourgeoisie parasitaire dans nos quartiers.
Quelques temps après le décès de nos deux jeunes, une mosquée de Clichy-sous-Bois est attaquée à coup de grenades à gaz lacrymogène par la police. Suite à ces deux évènements les banlieues parisiennes s’enflamment et là commencent des émeutes qui dureront jusqu’au mois de novembre 2005. Des guérillas sont organisées contre les forces de l’ordre et plusieurs bâtiments et véhicules sont incendiés (plus de 10 000 véhicules incendiés, selon le journal liberation2).
Les tribunaux bourgeois sont les outils du maintien de l’ordre impérialiste
Les familles des victimes avaient intenté un procès contre les agents de la police coloniale française pour « non-assistance à personne en danger ». En octobre 2010, les deux policiers avaient été renvoyés par les juges d'instruction chargés de l'enquête devant le tribunal correctionnel pour ce motif, mais le parquet de Bobigny avait fait appel et celui-ci s’était soldé par un non-lieu, les réquisitions du parquet général estimant que les deux policiers n'avaient pas eu connaissance de la réalité du danger et qu’ « aucune faute n’avait été commise ».
Le 31 octobre 2012, soit presque 7 ans jours pour jours après les faits, la Cour de Cassation a annulé le non-lieu qui avait été prononcé en faveur des policiers.
Dans son arrêt, la Cour de cassation a estimé que la cour d'appel de Paris, qui avait prononcé le non-lieu, n'a pas répondu à l'argumentation des parties civiles selon laquelle les policiers n'avaient aucune certitude que les jeunes ne se trouvaient pas sur le site EDF. La phrase, prononcée par l'un des policiers lors des échanges radio s’était notamment retrouvée au cœur des débats lors de l'audience, celle-ci dévoilant clairement que les policiers étaient conscient du danger encouru pas les jeunes.
La Police Française, première ligne de défense de la bourgeoisie française
Bien évidemment, nous attendons tous la suite de cette histoire où, pour la énième fois des jeunes, ont perdus la vie à cause de l’occupation coloniale policière de nos quartiers populaires.
Ce cas devrait être traité en urgence pour donner justice aux familles de Zyed et Bouna.
Mais la réalité, c’est que les tribunaux sont délibérément lents pour la simple raison que la police et les tribunaux eux même sont deux aspects de l’état impérialiste français dont le rôle est de défendre et maintenir l’ordre impérialiste aux dépens des colonisés Africains et Arabes.
Nous avons l’obligation de prendre en charge la question de la justice d’état entre nos propres mains parce que l’état français n’a pas comme vocation de délivrer une justice populaire en faveur des populations opprimées.
Au contraire, sa justice s’opère toujours contre les colonisés au sein de la France comme à l’extérieur tel qu’en Afrique, en Syrie, aux Antilles, en Haïti, ou encore en nouvelle Calédonie.
La question n’est pas de savoir si les policiers avaient failli à leur rôle de porter assistance à personne en danger, mais comment construire la capacité d’appliquer le verdict populaire et démocratique des travailleurs colonisés eux-mêmes contre les criminels policiers bourgeois dont la mission légale est de défendre la bourgeoisie contre les travailleurs colonisés.
Construisons l’INPDUM à Paris
L’Organisation de lutte de la résistance des masses Africaines.
Referncess
En correctionnelle huit ans après, SONYA FAURE , liberation 20 SEPTEMBRE 2013
En correctionnelle huit ans après, SONYA FAURE , liberation 20 SEPTEMBRE 2013